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Le 8 février 2019 - Par Guillaume Ratté-Côté

RUSSIE MAL AIMÉE

 
 

Notre relation avec la Russie n’est pas alimentée de façon suffisamment rationnelle par nos décideurs à Ottawa

 

Pas une semaine ne passe sans qu’il soit question de la supposée influence Russe sur l’élection présidentielle américaine de 2016. Espérons que la sortie du rapport Mueller en version intégrale finisse par mettre un frein à cela, car cela fait le jeu de Vladimir Poutine à un degré où il n’aurait probablement même jamais osé rêver. Il obtient ainsi une visibilité qui, pour beaucoup de Russes, donne du prestige au personnage. Le tout à un moment où sa popularité est à la baisse depuis un certain temps (https://www.aljazeera.com/news/2019/01/poll-shows-russia-trust-putin-falls-time-190122184309853.html). Pour les gens qui voient en sa personne le symbole abhorré de la tyrannie, cela aurait dû être soulevé et considéré. Particulièrement chez les leaders d’opinion et travailleurs des médias! Mais non! Car cela devait faire mal à un autre être exécré, le grand méchant Donald Trump.

 

Tout bien considéré, toutefois, cela n’est peut-être pas si mauvais, car la Russie n’est pas l’État dictatorial qu’on essaie souvent de présenter. Évidemment qu’elle n’est pas la démocratie libérale que nous souhaitons, mais Vladimir Poutine est véritablement le dirigeant souhaité par la majorité des Russes. Les élections qui y sont tenues ne sont pas exemptes d’irrégularités, mais l’appui de la majorité est bien réel. Cela est probablement le fruit du travail abattu par l’ex-maire de St Pétersbourg. De l’annexion de la Crimée (qui a historiquement appartenu à la Russie, en passant) aux réussites en Syrie, en passant par l’endiguement du chômage, la mise à jour du système d’éducation, la sortie rapide de la récession connue en 2015, il est incontestable que la Russie a tiré des bénéfices de son séjour au pouvoir. Cela doit être compris si on souhaite développer l’attitude la plus souhaitable face à la situation, qui pour l’instant, en est une d’opposition et de confrontation. Pourtant, cela n’a pas nécessairement à être le cas. Nous avons entretenu des relations avec de bien pires personnages, au besoin!

 

Ce qui retient nos politiciens de tendre la main et profiter d’une meilleure collaboration avec le pays au plus grand territoire du monde en ce moment est : l’ingérence électorale. Cela a quelque chose de comique. Nous nous enorgueillissons de la supériorité de notre démocratie, mais laissons simultanément entendre que ce pays dont la taille de l’économie ne dépasse pas celle du Canada ( https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/rs.html) la menace carrément partout en occident. Il faudra repasser pour la cohérence! Et le plus cocasse n’est même pas là : ceux qui présentent le pays du grand ours comme le champion de l’interférence électorale sont de bien piètres analystes! Il s’agit plutôt des États-Unis, qui ont entre autres, travaillé à l’élection du prédécesseur de Poutine, Boris Yelstine, avec des milliards de dollars et de l’aide directe d’attachés politiques de Bill Clinton (https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2018/07/the-us-has-a-long-history-of-election-meddling/565538/)!!

 

Alors, avant de nous priver du marché, des ressources, de la collaboration et la bonne entente avec ce pays en voie de développement (ce qui implique qu’ils seront éventuellement développés et donc plus puissants et utiles…!), peut-être vaut-il mieux y penser à deux fois. D’autant plus que la menace la plus préoccupante pour les démocraties libérales est la Chine, et que son voisin Russe peut aider plus que tout autre à la contenir. Même si cela implique mettre de côté sa fierté de racines polonaises ébranlée par la reprise de la Crimée! Qu’en dites-vous madame Freeland…?